jeudi 29 janvier 2009

Perret : dans le NouvelObs

Perret et le pot aux roses
Par Sophie Delassein
Dans «A cappella», Pierre Perret persiste à parler de son «ami» Paul Léautaud. Problème: il ne l'a jamais rencontré. Et ce n'est pas son seul mensonge... Enquête

Dans son nouveau livre, «A cappella», le rigolo Pierre Perret, 74 ans, apparaît sous un jour nouveau, à la fois amer et menteur. Ce récit débute courant 1954. Le 16 juin 1953, Perret avait décroché un premier prix de saxophone au conservatoire de Toulouse, et devancé l'appel pour intégrer l'orchestre du régiment du Train de la caserne Dupleix. Ayant rencontré Brassens quelques mois plus tôt à Paris où il était venu pour l'entendre chanter, Perret campe impasse Florimont dès son arrivée dans la capitale. Il se laisse pousser la moustache, se met à la guitare. Au début, Brassens et sa compagne Püpchen l'accueillent en petit frère, mais selon Jean-Paul Sermonte, président des Amis de Georges, cette dernière lui a confié que «l'omniprésence de Perret devenait pesante. Elle se demandait s'il n'était pas amoureux de Georges».
Chez Georges, la présence du romancier René Fallet incommode Perret qui se sent exclu de leurs échanges littéraires. Et cinquante-cinq ans plus tard, il le tacle. La scène qu'il rapporte aurait eu lieu aux Trois Baudets:
«René Fallet avait fait un dithyrambique papier sur Georges et essayait depuis d'approcher les coulisses d'où il se faisait régulièrement éjecter. N'osant trop enquiquiner Georges, au début, c'était souvent à moi qu'il demandait de le conduire jusque dans sa loge.»
Faux. L'article en question, paru dans «le Canard enchaîné» du 29 avril 1953, avait valu à Fallet cette lettre de Brassens:
«Soyez assez gentil pour venir me voir aux Baudets un soir [...] et nous conviendrons d'un jour où, si vous avez le temps, nous finirons la soirée ensemble [...].»
A ce moment, Perret prépare à Toulouse l'andante et l'allegro du Concerto de Tomasi pour l'examen du conservatoire.
Quand Perret entend Fallet réciter du Léautaud de mémoire, il surenchérit: lui, il connaît personnellement le «sauvage» de Fontenay-aux-Roses. Brassens l'écoute poliment raconter qu'il a fait découvrir «le Parapluie» et «le Gorille» à l'écrivain, qui, écrit-il, aurait apprécié «l'originalité, l'humour, la causticité et la forme poétique». Problème: Perret n'a jamais rencontré Léautaud. Le petit mensonge va devenir une grosse imposture, et Perret ira jusqu'à écrire «Adieu, monsieur Léautaud» (1972), un livre censé retranscrire ses conversations avec le célèbre misanthrope. Sept ans plus tôt, le fanfaron avait déjà fait part de son projet à Raphaël Valensi, de «l'Aurore»:
«Le chanteur Pierre Perret prépare un livre très documenté sur Paul Léautaud qui, trois années durant, l'a hébergé et lui a donné, en héritage, une partie de sa correspondance avec les grands du monde de la littérature.»
Furieuse, Marie Dormoy, exécutrice testamentaire et légataire universel de Léautaud, bombarde le journal de courriers, dont voici un extrait:
«Depuis l'année 1933 jusqu'à celle de sa mort -1956 - j'ai été en relations presque continuelles avec Paul Léautaud. Jamais je n'ai rencontré chez lui Pierre Perret.»
La réplique va contraindre le faussaire à plus de modération, qui va désormais donner moult versions de sa relation avec l'écrivain. En fait, avancera-t-il d'abord, il a juste eu «la chance d'échanger» avec lui de 1953 à 1955 (ou de 1954 à 1956, ça dépend...). Et puis non, il ne l'a rencontré qu'à la fin août 1954, et jusqu'à six mois avant sa mort. Léautaud lui aurait tantôt offert la correspondance de Stendhal, tantôt l'aurait marchandée pour lui. Perret dit encore n'avoir jamais vu Marie Dormoy, avant d'affirmer plus loin l'avoir aperçue en train de roucouler avec le vieillard dans son jardin...
Or il n'y a pas la moindre trace de ces visites dans le «Journal littéraire» de Léautaud (19 volumes), où l'on apprend que l'écrivain, très diminué, ne sortait plus guère. Impensable donc que ce dernier ait donné rendez-vous à Perret au Luxembourg pour une tournée des bouquinistes. Un détail discrédite définitivement le chanteur. Lui qui tient que cette promenade à Saint-Michel a eu lieu le lendemain de sa rencontre avec Léautaud, le 27 août 1954, devait se présenter ce jour-là à la caserne pour la première fois. «De toute façon, pour Léautaud, j'aurai déserté...», dira-t-il aux caméras d'«Italiques», diffusée le 3 février 1972 par l'ORTF. En août 1954, Pierre Perret avait 20 ans passés (il est né le 9 juillet 1934), alors, on l'a vu, qu'il avait selon ses propres dires devancé l'appel.Pour dresser le portrait de Léautaud, Perret a puisé dans le Journal de l'écrivain et ses entretiens de ce dernier avec Robert Mallet, parus en 1951.
Ironie sur sort, Marie Dormoy se liera d'amitié avec Brassens et ses amis Fallet et Poletti. Il existe un enregistrement amateur où les quatre conversent. Jamais il n'est question de Perret, qui aurait inventé cette histoire pour briller aux yeux d'un Brassens qu'il démolit aujourd'hui. Ce dernier lui aurait tourné le dos suite au triomphe du «Tord- boyaux»! «Je crois que mon succès l'a fait chier», ose-t-il dans «Ouest-France» (20 décembre 2008). A lire «A cappella», le coup de froid entre eux est antérieur, il daterait, selon Perret, du moment où il donna à entendre ses premières chansons à Brassens, qui n'en dira jamais rien.
Mais comment Perret peut-il attaquer aujourd'hui celui qui lui a ouvert sa porte et glissé des billets quand il ne mangeait pas à sa faim? Agathe Fallet, la veuve de René Fallet, est ulcérée par ces propos:
«Croyez-vous vraiment que Brassens ait pu prendre ombrage du succès de Perret, un Brassens au sommet de sa gloire? C'est Pierre Perret qui a laissé tomber Brassens quand il a eu succès et argent.»
Mario Poletti, autre ami de Brassens, ajoute:
«Georges ne comprenait pas pourquoi il avait disparu. Un jour où j'ai croisé Perret, je lui ai demandé pourquoi on ne le voyait plus. Il m'a répondu: «Je n'ai plus le temps».»
Si Perret n'avait pas été certain de l'amitié du Sétois, comment se serait-il autorisé à lui demander d'urgence une somme colossale pour la maison qu'il souhaitait se faire construire vers 1960? Cette lettre inédite a été postée à Castelsarrasin peu après son retour du sanatorium:
«Mon vieux Georges,
Je t'écris parce que je suis dans l'embarras. [...] J'ai trouvé enfin 500 m2 à bâtir dans la vallée de Chevreuse. [...] Si tu peux m'avancer du pèze, il m'en restera moins à trouver sur ces foutus 500.000 balles. [...] Ma vieille, ménage-toi. J'espère à bientôt.
P. Perret.»
Perret enrage d'avoir toujours été considéré comme une pâle copie de Brassens. Qu'il ne cesse pourtant de piller par ailleurs. Après l'échec de l'album «Mélangez-vous», Perret, en mal d'inspiration, reprend à son compte le projet que le Sétois n'a pas eu le temps de réaliser. «Trois ans avant sa mort, confie Mario Poletti, Georges projetait d'enregistrer un disque de chansons de salles de garde.» En 2007, Perret sort «le Plaisir des Dieux» où il annonce un prétendu inédit de Brassens, «le Petit-Fils d'Oedipe». Faux. «Ce texte avait été mis en musique et enregistré par Jacques Munoz en 2001», explique Pierre Schuller, président de l'association Auprès de son arbre.
Et ça continue avec «les Dieux paillards» (2008), où Perret recycle sans vergogne «le Grand Vicaire», une chanson traditionnelle que Brassens avait coupée et adaptée en citant sa source, dont Perret a reproduit la structure et vendu sans citer aucune des versions précédentes. Serge Cazzani, ayant droit de Brassens, nous a déclaré qu'il n'attaquerait pas Pierre Perret, bien que ce dernier cherche à salir la mémoire de son oncle: ««La vérité va au gré des saisons», comme disait tonton.»
Perret «s'inspirera» aussi d'un poète disparu pour écrire «Blanche». Cette femme dont «les cuisses fuyaient comme deux truites vives» rappelle furieusement «la Femme adultère» de Garcia Lorca, dont les «cuisses s enfuyaient sous moi comme des truites effrayées»... Un bouquiniste chez qui Perret se fournit en auteurs grivois raconte qu'«il est friand des auteurs méconnus du XVIIIe. Il me demande toujours à combien d'exemplaires les recueils ont été tirés. Au bout d'un moment, j'ai compris pourquoi : il les pillait et avait peur que ça se sache». Ainsi a-t-il puisé dans Alphonse Momas ou Mercier de Compiègne...
Pierre Perret, qui a refusé de nous rencontrer, ferait bien de méditer cette phrase: «Aimer, c'est préférer un autre à soi-même.» Elle est de Paul Léautaud.
S.D

vendredi 23 janvier 2009

Pierre Perret dérape !!!

Pierre Perret vient de publier "A cappella" (au Cherche-Midi).
Ce livre est truffé de mensonges et de vacheries sur Brassens et plein d'autres. Et il se répand dans les médias, répétant ses âneries à l'envie. Pour exemples, ces gentillesses de Pierre Perret sur Brassens qui, et c'est notoire, l'a non seulement encouragé à ses débuts mais aidé financièrement : "je cois que mon succès l'a [Brassens] fait chier" (Ouest France - 20/12/09) "Son [Brassens] ego s’est très mal accommodé de mon succès" (24 heures - Lausanne - 15/01/09). Bien au contraire, c'est Pierre Perret qui, n'ayant plus besoin de Brassens, ne s'est plus donné la peine d'aller le voir. Pierre Perret se vante d'avoir présenté René Fallet à Brassens, ce que contredisent les écrits publiés etc. etc.
Ahurissant, désolant.
Où est passé Pierrot la tendresse ?