vendredi 10 juillet 2009

Piotr Anderszewski

Ce pianiste au nom impossible à retenir à l'ouest de la Vistule, est un virtuose apprécié, entre autres, pour ses interprétations de concertos de Mozart. J'ai lu dans Telerama (ce n'est pas pour me vanter, mais il m'arrive de lire Telerama, même parfois - parfois seulement - avec attention), celui du 26 juin (le n°3101), ces propos de lui que je trouve bien intéressants et applicables à tous les patrimoines artistiques : "Je ne comprends pas quand on loue un pianiste sur l'étendue de son répertoire : "il possède les 32 sonates de Beethoven, les 27 concertos de Mozart !" La belle affaire ! Est-il seulement capable de jouer une seule de ces pièces - une seule - en apportant quelque chose de nouveau, de frais, de réfléchi, tout en donnant l'impression qu'elle vient d'être créée à l'instant ? Rien de pire qu'une interprétation lisse, pseudo correcte, décorative, qui suinte le confort bourgeois."

mardi 16 juin 2009

Boris Vian et Brassens

Parution de mon article "Boris Vian, lucide contemporain de Georges" dans le n°110 de juillet-août 2009 des Amis de Georges.
Sur http://www.georgesbrassens.fr/brassens-vian.htm
Mes textes préférés de Vian :
http://www.borisvian.fr/sommaire.php?to=pata.html

mercredi 27 mai 2009

Une révélation

La révélation du Festival Brassens de Vaison-la-Romaine en mai : Andrea Belli et Franco Pietropaoli. A classer dans les tout meilleurs interprètes de Brassens, toutes catégories confondues. Traductions impertinentes et belles, voix magnifique, guitares impeccables et, ce qui ne gâte rien, deux garçons simples, sympas, souriants... Un vrai bonheur !

A Vaison (très mauvais enregistrement) http://georgesbrassens-gb.eu/PagesMedias/FVLR2009/A_BELLI_F_PIETROPAOLI/index.html

http://www.youtube.com/watch?v=k0CoIlNJFAs&feature=related

http://www.myspace.com/versoest

samedi 28 mars 2009

Paco Ibáñez

Hier soir à Lillebonne (même pas 100km de chez moi... j'en aurais fait plus), Paco Ibáñez.
Quelle merveille ce type ! L'homme le plus proche de Brassens que je connaisse, et en plus il aime mon livre, alors...
Deux heures en scène et même ceux qui ne parlent pas un mot d'espagnol ne s'ennuient pas une seconde.
El que puede escuchar "Palabras para Julia" sin lágrima al ojo no merece haber nacido.
Après avoir vu ça, on peut dormir tranquille : il reste encore du monde et du beau monde sur terre.

Benoît XVI, l'Eglise... trop c'est trop

Les positions fanatiques de Benoît XVI sur le sida et l'avortement, la réhabilitation d'un évèque négationniste, l'évèque d'Orléans sur les préservatifs aussi poreux que la terre est plate, les âneries mielleuses d'ecclésiatiques à longueur d'antennes, trop c'est trop. Je suis baptisé, mais j'étais mineur, comme pour la confirmation et la communion, et je le regrette. La méthode Ogino, ça ne faisait encore que des enfants non voulus. Bannir le préservatif, ça va tuer. Des pauvres gens. Des enfants qui, ceux-là, ne deviendront jamais ni chevelus ni poètes. Le fanatisme de Benoît va tuer plus d'Africains que le fanatisme de Ben Laden a tué d'Américains.

vendredi 27 février 2009

Brassens, l'enfant et le rap

Un reportage d'Agnès Le Bot sur France-Inter (Esprit critique de Vincent Josse) :
Quel est le rapport d'un enfant de 10 ans à la culture ?
L'enfant de 10 ans s'appelle Bilal. Sa maman lui fait écouter et chanter Brassens.
Agnès Le Bot l'interroge dehors. Il dit que Brassens, il en a "ras le bol la casquette de Brassens", qu'il ne veut pas en chanter là, il aurait la honte. Qu'il préfère le rap...
Arrivé à la maison, il chante La marine avec sa maman, heu-reux...
Commentaire de Vincent Josse "Ras le bol la casquette de Georges Brassens ? Mais pas du tout, finalement".

jeudi 26 février 2009

Pierre Bergé : indécence et connerie.

Exemple d'indécence : se dire "de gauche", en faire des tartines, en rajouter sur son mépris de l'argent... et empocher 373 millions d'Euros, pardon 373 "et demi" (et le demi ça fait quand même toute une vie de salaire au SMIC).
Le bon peuple qui a été autorisé à faire 4 heures de queue pour contempler le trésor, ça fait penser aux "pauvres" qui regardaient les bals par les trous des palissades. On croyait que c'était du passé. Lointain. On croyait aussi que se dire "de gauche" ça voulait dire... ça voulait dire... euh ? Quoi déjà ?
Pierre Bergé vient de prouver qu'on pouvait être à la fois un réel artiste, un salaud ("au sens sartrien du terme") et un gros con.
Yves Saint-Laurent méritait mieux.

jeudi 19 février 2009

Bonne surprise

J'étais, depuis un certain temps, devenu allergique au cinéma américain, à force d'y voir d'interminables poursuites de morts pas tout à fait morts.
Et, surmontant ma réticence à revoir les acteurs de "Titanic" (qui, pour moi n'est qu'un grandiose navet), je vois "Noces rebelles" de Sam Mendes, tellement vrai sur cette amérique de la fin des années 40, préfiguration de l'Europe des années 50-60.
Et je vois l'intelligent "Benjamin Button".
Après tout...

mercredi 11 février 2009

Entre la rue Didot et la rue de Vanves

Brassens :
"...J'étais alors en train, de suer sang et eau,
Entre la rue Didot et la rue de Vanves
De m'user les phalanges sur un chouette accord du Père Django
Entre la rue de Vanves et la rue Didot
Par un heureux hasard, ces enfants de salauds,
Entre la rue Didot et la rue de Vanves
Un sacré coup de chance aimaient la musique et les trémolos
Entre la rue de Vanves et la rue Didot... "

Manuel Rosenthal (1904-2003), compositeur, élève de Ravel, grand propagateur de la musique française (et très accessoirement client de mon ex-librairie), m'a raconté que, un jour, au début de l'Occupation, il reçoit une convocation de la Kommandantur. Sa femme lui dit : "T'es complètement fou, avec ton nom... N'y vas surtout pas !". Il y va quand même. A "l'accueil", une "souris grise" : "Mais je vous reconnais, vous êtes le musicien qui est venu dans ma classe parler de Ravel, Debussy... Disparaissez ! Allez vite vous cacher !". Et c'est ainsi que j'ai pu avoir, 40 plus tard, le privilège de rencontrer ce Monsieur.

lundi 9 février 2009

un bonheur...

La enième rediffusion de l'émission RTL Brel-Brassens-Ferré, jeudi dernier sur France3 (hélas à 0h40), cette fois-ci avec les commentaires de Juliette Greco. Encore !

vendredi 6 février 2009

Brassens en polonais

Une jeune chanteuse polonaise vient de faire un CD de Brassens dans sa langue.
Son mail:
kontakt@justynabacz.net

mardi 3 février 2009

Brassens, patrimoine vivant

Au hasard des médias, on a parfois un petit bonheur. Je ne parle pas ici d'un Brassens programmé au détour d'une émission, ni d'une reprise par un interprète habituel du tonton, mais de ceux dont l'univers n'est pas, à priori, proche et qui, spontanément, vont puiser dans Brassens comme on puise chez n'importe quel grand de notre patrimoine.
Par exemple, sur France-Inter au "Fou du Roi" : Le 13 janvier, Sandra N'Kaké Voilà une chanteuse née au Cameroun au répertoire qui semble (je dis bien qui semble) n'avoir rien à voir avec Brassens, à qui on demande une reprise et qui nous sort une version (surprenante) de la Mauvaise réputation. Le 27 janvier, la soprano Mireille Delunsh. Elle tient (jusqu'au 8 février) le rôle principal dans "Yvonne, princesse de Bourgogne", histoire d'une princesse "très laide". Invités et animateurs glosent sur la laideur physique, alors la chanteuse d'opéra cite le "Don Juan" de Brassens, comme une référence littéraire "cette fille est trop vilaine…"
Et ça, c'est pas beau ?
"Une chanson de Johnny Cash, la même chose vaut pour Brassens, c'est une chaise, on peut s'asseoir dessus sans risque : elle tient, bonne fabrication, résiste à tous les chocs."
C'est de François Gorin et c'est là :http://www.telerama.fr/musique/johnny-cash-1,38718.php
Vous en avez d'autres, des comme ça ?

lundi 2 février 2009

La réponse de Pierre Perret sur le JDD du 1/2/2009

J'aime Pierre Perret chanteur. Il m'a bien fait marrer, les enfants l'adorent. Son talent, dans son vrai domaine, je ne vois pas pourquoi on le mettrait en cause dans cette affaire. D'autres créateurs ont fait bien pire. Inversement, son talent n'est aucunement garant de sa moralité.
Léautaud ? Je laisse aux spécialistes le soin de dire le vrai, mais je ne note qu'une chose, qui est du domaine de la logique : on peut prouver que j'ai vu M.Dupont, mais il est très difficile, voire impossible, de prouver que je ne l'ai pas vu... Donc, Perret ne répond pas.
A mon avis, ce serait à lui de prouver qu'il l'a vu, compte tenu du nombre et de la qualité des gens qui affirment le contraire ou expriment de très sérieux doutes.
Et Brassens dans tout ça ?
D'abord, il n'est pas sérieux d'écrire l'histoire à l'envers. Brassens n'a jamais rien dû à Perret, c'est le contraire. Perret qui a souvent dit et écrit que Brassens l'avait aidé, y compris financièrement, a l'ingratitude, dans cet article, de reprocher à Brassens "que j'avais pris pour un ami" de ne pas avoir chanté pour lui quand il était malade. Il était obligé ? Brassens n'a-t-il pas envoyé un chèque ? Et quand Brassens souffrait le martyre de ses calculs aux reins, Perret est-il allé le voir ?
Ensuite, affirmer sans rire, lui qui a la rigolade si facile, que Brassens était jaloux de lui !!!
Enfin, et surtout, 27 ans après la mort de Brassens ! C'est pratique : des témoins de première main, il n'en reste qu'une petite poignée. Ayant la chance d'en avoir connu et d'en connaître, j'affirme ici qu'ils sont unanimement indignés. On ne tire pas dans le dos des morts.

Voici donc sa réponse :

Pourquoi tant de haine? Par Pierre PERRET

Vous avouerez tout de même une chose, ma chère petite journaliste, qui m'avez préparé ce poulet à propos de mon livre, A Cappella*, vous avouerez, j'espère, qu'il est plutôt extraordinaire qu'un "faussaire" de ma trempe - je vous cite - ait réussi à remplir des salles, - tout seul comme un grand - en n'étant, je vous re-cite, qu'une "pâle copie de Brassens", un menteur de surcroît et un "gros imposteur". Cela n'est guère gentil pour les millions de "crétins" qui, depuis tout ce temps, sont venus m'écouter dans une salle, ont acheté un livre, un disque ou leur ticket d'entrée dans un théâtre pour venir entendre le "rigolo Pierre Perret" sans s'apercevoir de cette immonde supercherie.Je suis impatient d'apprendre comme vous allez démontrer - et prouver - que "je n'ai jamais rencontré Léautaud", que je n'ai jamais cessé de "piller Brassens" avec les "chansons de corps de garde" que j'ai enregistrées. La seule chanson que Georges ait adaptée (pour les paroles) est, à ma connaissance, Le Petit-Fils d'Œdipe, que j'ai enregistrée après que son neveu Serge Cazzani m'eut obligeamment autorisé.Vous citez un ancien chroniqueur du journal L'Aurore à qui j'aurais déclaré, vers les années 1970, que je préparais un livre très documenté sur Léautaud. Lequel, d'après mes dires, m'aurait, trois années durant, hébergé et donné en héritage une partie de sa correspondance avec "les grands du monde de la littérature". Lorsque l'on connaît Léautaud, tel que je l'ai connu, peut-on imaginer une telle aberration? Hormis ses chats, ce dernier n'a jamais "hébergé" qui que ce soit, même pas ses maîtresses - même pas Marie Dormoy! Je l'ai vu, en revanche, brûler sans vergogne dans son jardin une partie de cette correspondance et même des brouillons de son journal par une belle après-midi ensoleillée d'où cette pauvre Marie Dormoy était absente.Oui je suis friand de littérature, oui j'ai lu des livres tout au long de ma vie et je continue, oui je veux bien rencontrer votre ami "le bouquiniste" et qu'il me dise en face et nommément quels sont les noms des "auteurs que j'ai pillés en ayant peur que ça se sache".Oui j'ai écrit effectivement à Georges, dans les années 1960, pour lui demander, après avoir envisagé d'acquérir un petit terrain à bâtir, de me prêter quelques sous, car, lui écrivais-je, "si tu peux m'avancer du pèze, il m'en restera moins à trouver sur ces foutus cinq cents mille balles" (qui étaient le prix de ce lopin). Non, cela n'était pas une "somme colossale" que je réclamais, mais seulement quelques sous. Moi, je sortais du sana. Le maître avait assurément d'autres chats à fouetter car il n'a jamais répondu à ma requête.Oui, c'est bien inconsciemment que je me suis inspiré du vers de Garcia Lorca à propos de l'image des "cuisses qui fuyaient comme deux truites vives" au lieu de "qui s'enfuyaient sous moi comme des truites effrayées", dans son poème La Femme adultère. C'est moi-même qui dénonce dans mon livre ce "monstrueux plagiat".Non je n'ai pas enregistré récemment la chanson Le Grand Vicaire que Brassens avait "coupée et adaptée". Je n'ai enregistré que la version traditionnelle, adaptée par moi. Lorsque l'on écrit à la légère de si lourdes accusations, il faut s'apprêter à "rendre des comptes". Il vous faudra bientôt justifier point par point toutes ces insanités tenues à mon propos. Ma chère petite journaliste, pourquoi ces insultes, ces propos diffamatoires, ces mensonges?Au contraire de vos dires, je n'ai jamais "attaqué", ni démoli Brassens. Dans A Cappella, j'ai simplement dit la vérité. J'ai crié merci à tous ceux qui m'ont aidé sur ma route. Lucien Morisse en tête, ainsi que tous ceux qui sont venus chanter pour moi à l'Olympia et qui m'ont en quelque sorte sauvé la vie. Georges, que j'avais pris pour un ami, n'était pas de ceux-là. Est-ce outrageant que de l'avoir dit? Je suis ingrat, direz-vous? Je ne crois pas. Ce qui est sûr, c'est que j'étais déçu, voilà la vérité. J'aime profondément et depuis toujours ce qu'a écrit Georges. Je ne l'ai jamais pillé: je suis un homme honnête et j'ai toujours bu dans ma tasse.En conclusion, vous m'avez dans votre petit poulet traité de menteur, de faussaire, d'imposteur, de pillard d'oeuvres! Je sens que cela vous rendrait heureuse si vous parveniez à "discréditer le chanteur" et l'homme. Eh bien, je ne vous laisserai pas ce plaisir... Je me ferai une joie, en revanche, d'en référer à une mignonne dont j'ai vanté maintes fois les vertus dans mes couplets et défendu la cause bec et ongles contre ceux qui bafouent la vérité, l'honneur, la dignité, elle s'appelle la Justice.

jeudi 29 janvier 2009

Perret : dans le NouvelObs

Perret et le pot aux roses
Par Sophie Delassein
Dans «A cappella», Pierre Perret persiste à parler de son «ami» Paul Léautaud. Problème: il ne l'a jamais rencontré. Et ce n'est pas son seul mensonge... Enquête

Dans son nouveau livre, «A cappella», le rigolo Pierre Perret, 74 ans, apparaît sous un jour nouveau, à la fois amer et menteur. Ce récit débute courant 1954. Le 16 juin 1953, Perret avait décroché un premier prix de saxophone au conservatoire de Toulouse, et devancé l'appel pour intégrer l'orchestre du régiment du Train de la caserne Dupleix. Ayant rencontré Brassens quelques mois plus tôt à Paris où il était venu pour l'entendre chanter, Perret campe impasse Florimont dès son arrivée dans la capitale. Il se laisse pousser la moustache, se met à la guitare. Au début, Brassens et sa compagne Püpchen l'accueillent en petit frère, mais selon Jean-Paul Sermonte, président des Amis de Georges, cette dernière lui a confié que «l'omniprésence de Perret devenait pesante. Elle se demandait s'il n'était pas amoureux de Georges».
Chez Georges, la présence du romancier René Fallet incommode Perret qui se sent exclu de leurs échanges littéraires. Et cinquante-cinq ans plus tard, il le tacle. La scène qu'il rapporte aurait eu lieu aux Trois Baudets:
«René Fallet avait fait un dithyrambique papier sur Georges et essayait depuis d'approcher les coulisses d'où il se faisait régulièrement éjecter. N'osant trop enquiquiner Georges, au début, c'était souvent à moi qu'il demandait de le conduire jusque dans sa loge.»
Faux. L'article en question, paru dans «le Canard enchaîné» du 29 avril 1953, avait valu à Fallet cette lettre de Brassens:
«Soyez assez gentil pour venir me voir aux Baudets un soir [...] et nous conviendrons d'un jour où, si vous avez le temps, nous finirons la soirée ensemble [...].»
A ce moment, Perret prépare à Toulouse l'andante et l'allegro du Concerto de Tomasi pour l'examen du conservatoire.
Quand Perret entend Fallet réciter du Léautaud de mémoire, il surenchérit: lui, il connaît personnellement le «sauvage» de Fontenay-aux-Roses. Brassens l'écoute poliment raconter qu'il a fait découvrir «le Parapluie» et «le Gorille» à l'écrivain, qui, écrit-il, aurait apprécié «l'originalité, l'humour, la causticité et la forme poétique». Problème: Perret n'a jamais rencontré Léautaud. Le petit mensonge va devenir une grosse imposture, et Perret ira jusqu'à écrire «Adieu, monsieur Léautaud» (1972), un livre censé retranscrire ses conversations avec le célèbre misanthrope. Sept ans plus tôt, le fanfaron avait déjà fait part de son projet à Raphaël Valensi, de «l'Aurore»:
«Le chanteur Pierre Perret prépare un livre très documenté sur Paul Léautaud qui, trois années durant, l'a hébergé et lui a donné, en héritage, une partie de sa correspondance avec les grands du monde de la littérature.»
Furieuse, Marie Dormoy, exécutrice testamentaire et légataire universel de Léautaud, bombarde le journal de courriers, dont voici un extrait:
«Depuis l'année 1933 jusqu'à celle de sa mort -1956 - j'ai été en relations presque continuelles avec Paul Léautaud. Jamais je n'ai rencontré chez lui Pierre Perret.»
La réplique va contraindre le faussaire à plus de modération, qui va désormais donner moult versions de sa relation avec l'écrivain. En fait, avancera-t-il d'abord, il a juste eu «la chance d'échanger» avec lui de 1953 à 1955 (ou de 1954 à 1956, ça dépend...). Et puis non, il ne l'a rencontré qu'à la fin août 1954, et jusqu'à six mois avant sa mort. Léautaud lui aurait tantôt offert la correspondance de Stendhal, tantôt l'aurait marchandée pour lui. Perret dit encore n'avoir jamais vu Marie Dormoy, avant d'affirmer plus loin l'avoir aperçue en train de roucouler avec le vieillard dans son jardin...
Or il n'y a pas la moindre trace de ces visites dans le «Journal littéraire» de Léautaud (19 volumes), où l'on apprend que l'écrivain, très diminué, ne sortait plus guère. Impensable donc que ce dernier ait donné rendez-vous à Perret au Luxembourg pour une tournée des bouquinistes. Un détail discrédite définitivement le chanteur. Lui qui tient que cette promenade à Saint-Michel a eu lieu le lendemain de sa rencontre avec Léautaud, le 27 août 1954, devait se présenter ce jour-là à la caserne pour la première fois. «De toute façon, pour Léautaud, j'aurai déserté...», dira-t-il aux caméras d'«Italiques», diffusée le 3 février 1972 par l'ORTF. En août 1954, Pierre Perret avait 20 ans passés (il est né le 9 juillet 1934), alors, on l'a vu, qu'il avait selon ses propres dires devancé l'appel.Pour dresser le portrait de Léautaud, Perret a puisé dans le Journal de l'écrivain et ses entretiens de ce dernier avec Robert Mallet, parus en 1951.
Ironie sur sort, Marie Dormoy se liera d'amitié avec Brassens et ses amis Fallet et Poletti. Il existe un enregistrement amateur où les quatre conversent. Jamais il n'est question de Perret, qui aurait inventé cette histoire pour briller aux yeux d'un Brassens qu'il démolit aujourd'hui. Ce dernier lui aurait tourné le dos suite au triomphe du «Tord- boyaux»! «Je crois que mon succès l'a fait chier», ose-t-il dans «Ouest-France» (20 décembre 2008). A lire «A cappella», le coup de froid entre eux est antérieur, il daterait, selon Perret, du moment où il donna à entendre ses premières chansons à Brassens, qui n'en dira jamais rien.
Mais comment Perret peut-il attaquer aujourd'hui celui qui lui a ouvert sa porte et glissé des billets quand il ne mangeait pas à sa faim? Agathe Fallet, la veuve de René Fallet, est ulcérée par ces propos:
«Croyez-vous vraiment que Brassens ait pu prendre ombrage du succès de Perret, un Brassens au sommet de sa gloire? C'est Pierre Perret qui a laissé tomber Brassens quand il a eu succès et argent.»
Mario Poletti, autre ami de Brassens, ajoute:
«Georges ne comprenait pas pourquoi il avait disparu. Un jour où j'ai croisé Perret, je lui ai demandé pourquoi on ne le voyait plus. Il m'a répondu: «Je n'ai plus le temps».»
Si Perret n'avait pas été certain de l'amitié du Sétois, comment se serait-il autorisé à lui demander d'urgence une somme colossale pour la maison qu'il souhaitait se faire construire vers 1960? Cette lettre inédite a été postée à Castelsarrasin peu après son retour du sanatorium:
«Mon vieux Georges,
Je t'écris parce que je suis dans l'embarras. [...] J'ai trouvé enfin 500 m2 à bâtir dans la vallée de Chevreuse. [...] Si tu peux m'avancer du pèze, il m'en restera moins à trouver sur ces foutus 500.000 balles. [...] Ma vieille, ménage-toi. J'espère à bientôt.
P. Perret.»
Perret enrage d'avoir toujours été considéré comme une pâle copie de Brassens. Qu'il ne cesse pourtant de piller par ailleurs. Après l'échec de l'album «Mélangez-vous», Perret, en mal d'inspiration, reprend à son compte le projet que le Sétois n'a pas eu le temps de réaliser. «Trois ans avant sa mort, confie Mario Poletti, Georges projetait d'enregistrer un disque de chansons de salles de garde.» En 2007, Perret sort «le Plaisir des Dieux» où il annonce un prétendu inédit de Brassens, «le Petit-Fils d'Oedipe». Faux. «Ce texte avait été mis en musique et enregistré par Jacques Munoz en 2001», explique Pierre Schuller, président de l'association Auprès de son arbre.
Et ça continue avec «les Dieux paillards» (2008), où Perret recycle sans vergogne «le Grand Vicaire», une chanson traditionnelle que Brassens avait coupée et adaptée en citant sa source, dont Perret a reproduit la structure et vendu sans citer aucune des versions précédentes. Serge Cazzani, ayant droit de Brassens, nous a déclaré qu'il n'attaquerait pas Pierre Perret, bien que ce dernier cherche à salir la mémoire de son oncle: ««La vérité va au gré des saisons», comme disait tonton.»
Perret «s'inspirera» aussi d'un poète disparu pour écrire «Blanche». Cette femme dont «les cuisses fuyaient comme deux truites vives» rappelle furieusement «la Femme adultère» de Garcia Lorca, dont les «cuisses s enfuyaient sous moi comme des truites effrayées»... Un bouquiniste chez qui Perret se fournit en auteurs grivois raconte qu'«il est friand des auteurs méconnus du XVIIIe. Il me demande toujours à combien d'exemplaires les recueils ont été tirés. Au bout d'un moment, j'ai compris pourquoi : il les pillait et avait peur que ça se sache». Ainsi a-t-il puisé dans Alphonse Momas ou Mercier de Compiègne...
Pierre Perret, qui a refusé de nous rencontrer, ferait bien de méditer cette phrase: «Aimer, c'est préférer un autre à soi-même.» Elle est de Paul Léautaud.
S.D

vendredi 23 janvier 2009

Pierre Perret dérape !!!

Pierre Perret vient de publier "A cappella" (au Cherche-Midi).
Ce livre est truffé de mensonges et de vacheries sur Brassens et plein d'autres. Et il se répand dans les médias, répétant ses âneries à l'envie. Pour exemples, ces gentillesses de Pierre Perret sur Brassens qui, et c'est notoire, l'a non seulement encouragé à ses débuts mais aidé financièrement : "je cois que mon succès l'a [Brassens] fait chier" (Ouest France - 20/12/09) "Son [Brassens] ego s’est très mal accommodé de mon succès" (24 heures - Lausanne - 15/01/09). Bien au contraire, c'est Pierre Perret qui, n'ayant plus besoin de Brassens, ne s'est plus donné la peine d'aller le voir. Pierre Perret se vante d'avoir présenté René Fallet à Brassens, ce que contredisent les écrits publiés etc. etc.
Ahurissant, désolant.
Où est passé Pierrot la tendresse ?